Le cosplay permet d’exprimer notre créativité, via la réalisation de costume, l’incarnation d’un personnage mais aussi grâce à la photographie. Pour illustrer cela, nous avons cette fois-ci posé des questions à NoEx Photography sur la réalisation d’un shooting photo cosplay !

Organisé avec : Houki Cosplay et Goku81 Cosplay [+ Hikarin Chan & Makkura en helpeuses]
Univers : Harry Potter, avec les personnages de Sirius Black & Bellatrix Lestrange en version « Prisonniers d’Azkaban »
Date & Lieux : 16 janvier 2021, à Fort Barraux

Tu peux nous parler du processus de réalisation/organisation du shooting ?

Dans ma pratique, j’oriente toujours mon organisation en 3 axes : le dialogue avec les modèles afin de définir ce qu’ils/elles veulent, la recherche d’images de références et d’autres séances qui auraient déjà été faites sur le thème prédéterminé en adéquation avec les éléments donnés par le/les modèle(s), et enfin la réalisation très factuelle d’un planning, permettant de déterminer les « où », les « quand », les « avec qui » (en gros : lieu de séance, date/horaire de la séance, et qui participe en tant que helper). Et pour être parfaitement transparent, j’aime m’occuper de l’intégralité de ces points pré-séance, en déterminant exactement ce qu’attendent les modèles, en bon control freak que je suis, et pour limiter les éléments imprévus qui viendraient parasiter le déroulement de la séance.

Pour cette séance, tout s’est à peu près déroulé comme décrit ci-dessus ! Ce sont les modèles qui m’ont sollicité dès le mois de septembre 2020, dans l’optique de la réaliser début 2021. Les différents confinements et couvre-feux successifs nous ont évidemment inquiétés, mais nous nous sommes entendus sur la date approximative dès la prise de contact, date que nous avons confirmée fin décembre.

J’étais confiant quant au déroulement général, sachant pertinemment avec quelle maestria les 2 modèles allaient camper et interpréter leur personnage respectif.


Avant de démarrer, quel(s) aspect(s) de ce shooting te faisait le plus peur ?

J’ai justement choisi de parler de cette séance en particulier parce qu’elle revêtait plusieurs éléments « à risque » me concernant.
Tout d’abord, le lieu sur lequel s’est déroulée la séance. J’aime à avoir visité au préalable le ou les spots, afin de prédéterminer quels endroits précis seront exploitables. Ici, le lieu était proposé et « réservé » par l’un des 2 modèles, qui y avait ses entrées. Chose extrêmement appréciable dans les faits, mais comportant le risque de se rendre compte, une fois sur place, que le lieu ne convenait pas, ou comportait peu de spots réellement exploitables.



Ensuite, deuxième appréhension, l’univers choisi, à savoir Harry Potter. Aborder en photo un univers qui m’est peu ou pas connu ne me dérange aucunement, le dialogue avec les modèles en amont étant primordial, il n’y a concrètement aucun univers que je ne me sens pas d’aborder. Mais dans le cas présent, il fallait purement et simplement inventer un aspect de l’œuvre qui n’est que peu ou pas décrit, que ce soit dans l’œuvre littéraire ou les films adaptés, à savoir imaginer quelles relations et quelles vies avaient les personnages de Sirius & Bellatrix lorsqu’ils étaient tous deux enfermés à Azkaban. Le risque lié à cet élément était donc très ambivalent :

D’une part, il allait laisser libre cours à la créativité pure pour retranscrire ce que nous, amateurs ou véritables fans de l’univers, imaginions. Ce qui en soit est super intéressant et galvanisant dans le processus de création ! D’autre part, nous risquions de nous confronter à un manque d’imagination limitant, voire d’être complètement hors-sujet.

Enfin, en troisième et dernière appréhension et risque, c’était le choix de la date : la séance s’est déroulée en plein mois de janvier, à une période particulièrement froide de l’année, avec des modèles portant des costumes relativement « légers », et pieds nus qui plus est… J’aime à croire que j’arrive à toujours installer un environnement à la fois bienveillant et confortable pour mes modèles, et je craignais que le froid ne soit un frein certain à la bonne réalisation de la séance.


Quelle technique as-tu apprise ou eu l’occasion de tester durant ce shooting ?

Pour cette séance en particulier, je n’ai pas spécialement expérimenté de nouvelles techniques photographiques. Tâchant de réaliser des clichés nécessitant un minimum de post-traitement (quitte à recommencer plusieurs fois un même cliché jusqu’à obtenir le résultat voulu), je joue beaucoup avec mes réglages en entrée et tout du long de la séance afin que l’ambiance soit déjà déterminée. Ici, il nous fallait une ambiance sombre, glauque, froide, traduisant ce que l’on peut imaginer d’Azkaban. Ainsi, j’ai opté pour un réglage de balance des blancs (qui influe sur la « température » des clichés), des réglages de flashes très « cinématographiques » afin de « craquer » un peu les noirs et les contrastes, et l’utilisation de gels et de fumigènes colorés en adéquation avec les personnages.

La seule particularité de cette séance en termes de techniques nouvelles dans ma pratique s’est située dans le post-traitement, puisque l’un des clichés finaux de ce set a été réalisé en deux fois, afin de procéder à une fusion et une recréation. N’étant pas un fervent utilisateur de Photoshop pour ce genre de photomontage (par goût personnel et dans la définition de mon propre travail photographique), ce fut une exception dans ma pratique, qui était néanmoins suffisamment justifiée dans ce que nous imaginions pour que j’outrepasse mes propres limitations personnelles.


Comment as-tu choisi le lieu et/ou le matériel, et pourquoi ?

Comme je l’ai dit plus haut, je n’ai pas choisi le lieu directement. Cependant, Goku, qui interprétait Sirius, nous avait suggéré Fort Barraux, et avait eu la gentillesse d’aller y prendre quelques photos en amont afin que nous puissions nous faire une idée. Cela m’a permis de déterminer que c’était un lieu tout-à-fait adéquat pour ce que nous voulions créer. Et cela s’est confirmé une fois sur place !

Concernant le matériel, à force de pratique, j’ai appris à minimiser ce que je transporte et utilise en séance. Ce qui peut paraître trivial, puisque je trimballe malgré tout pas mal de bazar : trépieds, flashes, tabouret (all praises to Timmy !), fumigènes, bols beauté de différentes taille et snoots (cônes permettant de concentrer la lumière sur une zone plus ou moins large), quantité astronomique de piles rechargeables pour les flashes, et bien évidemment mon boîtier (un Canon 5D Mark IV) avec sa triplette d’objectifs (un Tamron 24-70mm 2.8, un Canon 50mm 1.4 et un Canon 100mm 2.8).

A cela se sont ajoutées des couvertures afin de couvrir et réchauffer les modèles entre deux prises de vue.

Au total, combien de temps ça t’a pris pour préparer, réaliser et traiter le shooting ?




La préparation pré-séance n’a pas été très longue. N’ayant pas eu à repérer les lieux, et n’ayant pas vraiment d’images de références autour du thème abordé, j’ai pu me passer des quelques heures habituellement passées à préparer les choses. Le plus long dans la préparation a été… l’attente de pouvoir réaliser la séance ! Comme je l’ai dit plus haut, la première demande des modèles pour la réaliser a été formulée en septembre 2020, avec dans l’idée de ne la faire qu’en janvier 2021, ne sachant à l’époque pas trop où on allait en termes de confinements, couvre-feux, etc. En sortie du confinement de fin 2020, nous avons donc confirmé la date du 16 janvier.



La séance en elle-même, de notre arrivée sur les lieux à notre départ, s’est passée sur un après-midi, de 14 à 18h grosso modo, ce qui est supérieur à la durée moyenne de mes séances, mais c’était ici justifié par le fait de ne pas personnellement connaître les lieux (nous avons donc pas mal navigué entre différents points de Fort Barraux).

Autre exception avec cette séance : j’ai mis TRES LONGTEMPS avant de m’attaquer au post-traitement. Les temps troublés que nous connaissions à cause de la crise sanitaire ont, à plusieurs reprises, bien entamé ma motivation en tant que photographe, et là où je mets habituellement à peine quelques jours à traiter un set dans la foulée de la séance, il m’a ici fallu plus d’un mois pour m’y mettre et livrer le set.

Qu’est-ce que tu voudrais améliorer ou refaire différemment ?


Concernant le set en lui-même, je suis très satisfait du résultat, et les modèles aussi. Je ne pense de fait pas que je changerais grand-chose dans son traitement. J’estime que nous avons réussi à retranscrire un pan de la mythologie Harry Potter qu’il nous a fallu imaginer de A à Z, en exploitant à plein potentiel les talents de transformisme, d’incarnation et d’acting de Houki et Goku pour traduire la folie, le désespoir et la haine qui habitent les 2 personnages.





Ce que je ferais différemment, c’est peut-être dans le choix de la période de la séance. Même si ce 16 janvier, il a fait un temps plutôt clément, il faisait néanmoins extrêmement froid, avec une bise très mordante qui nous frigorifiait toutes et tous, à commencer par les modèles, dans des costumes vraiment légers pour un tel froid, pieds nus, et ayant poussé la perfection de leur interprétation respective jusqu’à se rouler sciemment dans de la boue pour se salir. Le dévouement au cosplay à son paroxysme ! La fin de séance a été difficile, avec le jour déclinant tôt en cette période qui plus est (et l’heure du couvre-feu de l’époque approchant à toute allure), je choisirais donc une autre période de l’année pour ce type de séance, autre période qui aurait permis aux modèles, helpers et photographe de moins souffrir !


Un conseil pour quelqu’un qui se lancerait dans ce genre d’aventure créative, que ce soit en tant que modèle ou photographe ?

Je n’ai pas spécialement de conseils pour le/la photographe ! Chacun travaille comme il l’entend, et à l’exception de toujours être dans la bienveillance et l’accompagnement de son/ses modèle(s), faîtes surtout ce qui vous éclate, comme vous en avez envie !
Concernant les modèles, le conseil est universel, quelle que soit la séance : soyez impliqué(s/e/es) dans le processus de création, de son élaboration en amont à sa réalisation le jour J ! Soyez force de proposition, mais ne forcez pas la reproduction d’images de référence non plus. S’inspirer, c’est bien, être original et proposer de nouvelles choses, c’est beaucoup mieux ! Optez dans tous les cas pour l’échange et le dialogue avec votre tographe ! Au-delà des considérations techniques, qui, à mon sens, sont le cadet des soucis d’un processus créatif en photographie, ce qui va être le plus important, c’est comment vous vous percevez vous-mêmes sur le rendu, ce que vous faîtes passer comme émotions, comme sentiments ! Votre acting en tant que cosplayer, c’est (avec votre costume bien évidemment) la seule chose sur laquelle le photographe n’a aucune prise, aucune influence (exception faite de l’environnement que celui-ci/celle-ci va instaurer pendant le déroulement de la séance). Donc soignez-le ! Pour simuler du mouvement, ou une expression faciale très marquée (un cri, hurlement, la douleur, la dépression, etc.), exagérez, toujours, tout le temps ! Criez pour de vrai, prenez quelques minutes pour vous mettre dans le mood exigé par la pose si nécessaire, faîtes les mouvements pour de vrai (simuler un mouvement alors que vous êtes immobile SE VERRA sur un cliché, ça ne rendra rien la majorité du temps !).

Et enfin… tâchez de choisir la saison adéquate à la lourdeur/chaleur de votre costume ! :p Je sais très bien qu’il vous tarde de réaliser votre set photographique dès lors que votre costume est terminé, mais mieux vaut ne pas tenter de se retrouver dans un état d’hypothermie ou au contraire d’extrême chaleur aux risques de gâcher purement et simplement la séance, et opter pour une période plus adéquate où VOUS pourrez pleinement profiter des possibilités offertes par votre costume et votre acting !

Une anecdote à raconter sur ce shooting ?

J’ai évoqué la dévotion ultime de Houki et Goku à leur acting, qui sont allées jusqu’à littéralement se rouler dans la boue pour exprimer la saleté inhérente à l’environnement d’Azkaban, qui a été, dès le début de la séance, un moment marquant de celle-ci ! Je n’en attendais pas autant, et n’aurais certainement pas exigé une chose pareille, mais elles ne sont pas posées la question avant de procéder.
Il est difficile de ne choisir qu’une seule anecdote, car je peux me vanter sans détour que chacune des séances que j’ai eu la chance d’effectuer jusque maintenant s’est toujours extrêmement bien déroulée, notamment grâce aux helpers auxquels je fais appel, et en qui j’ai confiance pour assurer auprès des modèles, de moi-même, et pour assurer la logistique légère ainsi que les photos et vidéos de backstage, dont je raffole ! Et grâce à tous ces éléments réunis, les séances se déroulent toujours dans une ambiance extrêmement bienveillante, et drôle, détendue.

Mais concernant cette séance en particulier, je vais quand même choisir une anecdote, ou plutôt un élément récurrent, à savoir le look improbable de Houki et Goku entre les prises de vue ! Avec leurs tenues en lambeaux, leur boue séchée sur le corps et les couvertures sur les épaules pour lutter contre le froid, elles ressemblaient à de vraies mendiantes, et ça nous a toutes et tous beaucoup amusés, à commencer par elles-deux qui en jouaient énormément pour nous faire rire et oublier un peu la température glaciale ! Je ne peux d’ailleurs pas résister à l’envie de vous partager quelques backstages de ces moments hilarants (réalisés par Makkura et diffusés avec son autorisation et celles des modèles bien évidemment) afin de conclure l’évocation de cette séance ! 😊

Merci à NoEx Photography pour son témoignage sur la réalisation d’un shooting photo cosplay ! Vous pouvez retrouver son travail sur sa page facebook ainsi que sur instagram. N’hésitez pas à suivre également les modèles Houki Cosplay et Goku81 !