Ce mois-ci pour notre œuvre de pop culture, on reste dans l’univers des séries, avec Margo qui nous parle de « Sense8 ».

Titre : Sense8
Genre : Drame, Fantastique, Science-Fiction
Auteurs : Lana Wachowski, Lilly Wachowski, Joseph Michael Straczynski
Casting : Jamie Clayton, Max Riemelt, Tina Desai, Toby Onwumere, Brian J. Smith, Tuppence Middleton, Miguel Ángel Silvestre, Bae Doo-na
Date de première diffusion : 5 juin 2015
Durée : 2 saisons, 24 épisodes
Diffusion : Exclusivité Netflix

Synopsis

Huit individus répartis à travers le monde, deviennent soudainement connectés par une violente vision. Désormais liés, ils se retrouvent capables du jour au lendemain de se voir, de se sentir, de s’entendre et de se parler comme s’ils étaient au même endroit, et dans des langues qu’ils ne maîtrisent théoriquement pas. Les huit doivent dès lors s’adapter à ce nouveau don, mais aussi comprendre le pourquoi du comment. Fuyant une organisation qui veut les capturer, les tuer ou faire d’eux des cobayes, ils vont lutter ensemble pour leur survie. Cette série est l’œuvre des sœurs Wachowski, les créatrices, entre autres, des films « Matrix » ou encore « Cloud Atlas », secondées par l’auteur de comics Joseph Michael Staczynski connu pour « La Cinquième Dimension » ou « Babylon 5 ».

Mes +

Le casting : Je découvre cette série 10 ans après sa sortie, composée d’acteurs dont je n’avais jamais entendu parler auparavant. Ce qui m’a le plus marqué, c’est de loin la qualité du casting venu des quatre coins du monde. Le gros point fort de cette série ne réside pas seulement dans l’écriture des personnages, mais aussi dans leurs interprétations. Tout le propos de l’histoire ne pourrait pas fonctionner sans une excellente synergie entre les acteurs, et c’est clairement le cas. Que ce soit dans le but commun d’échapper à l’organisation qui s’en prend à eux, ou pour s’entraider dans les épreuves qu’ils traversent individuellement, c’est leurs interactions à tous les niveaux qui les rendent tous, vraiment tous, très attachants.
Les thèmes traités : Dans ce scénario de science-fiction, la série explore des thèmes comme la politique, l’identité, la sexualité, le genre et la religion de façon pertinente, engagée et malgré tout optimiste. La force de cette série est de ne pas revendiquer une idéologie, mais de proposer une réflexion sociétale à travers 8 tranches de vie qui – spoiler – finiront par se recouper. Cette série a donné la parole à des minorités encore sous-représentées dans les séries, notamment une transgenre, Nomi Marks, un personnage inspiré par la transition de Lana Wachowski.
Les lieux de tournages : La première saison a été tournée dans neuf villes réparties dans huit pays. Sense8 nous emmène à Chicago, San Francisco, Londres, Berlin, Séoul, Reykjavik, Mexico, Nairobi et Bombay à travers les histoires de ses protagonistes. Sur les 2 saisons, nous voyageons dans une douzaine de pays différents, dans des décors naturels et urbains somptueux. On peut citer les scènes réellement tournées à la 20ème parade de la Gay Pride à São Paulo, le numéro de danse Bollywood à Mumbai, la course poursuite dans les quartiers de Nairobi ou encore le feu d’artifice autour de la tour Eiffel, toutes sont tout simplement superbes.
Les valeurs véhiculées : Sense8 est une série qui m’a réellement touchée grâce à son message de tolérance, de bienveillance, son ouverture et son optimisme qui appellent à l’amour de l’autre et de ses différences. Certains diraient que cette démarche est naïve, mais quand on voit l’énergie qui a été déployée pour nous donner une vision réaliste du quotidien de ces personnages dans leurs pays d’origines (puis tous ensembles face à l’organisation qui cherche à les retrouver), je pense que c’est mission réussie pour mettre en avant ce qu’il y a de bon dans l’humanité.
L’image : Avec une telle diversité de lieux de tournages, le directeur de la photographie a dû s’éclater : la lumière est toujours très soignée, et l’image rend toujours hommage à l’environnement du pays dans lequel les personnages évoluent. Je pense aux somptueux levers de soleil en Afrique, à l’explosion de couleurs de l’Inde, ou encore aux terres gelées de l’Islande. Bref, un régal pour les yeux.
Les personnages secondaires : Sense8 est l’une de ces rares séries où les personnages secondaires sont aussi attachants que les personnages principaux. Ces personnages sont marquants par leur forte présence et leur soutien sans faille aux 8 héros. Je pense par exemple au personnage d’Amanita, la fiancée de Nomi Marks, qui en plus d’être méga badass, fait preuve d’une dévotion sans limite (comprendre = met le feu à un hôpital) pour protéger Nomi. Il y a également Daniela, personnage tout d’abord extrêmement agaçant, qui deviendra la pierre angulaire du trio qu’elle forme avec le couple Lito/Hernando suite à un concours de circonstance pour cacher l’homosexualité du célèbre acteur. Mention spéciale au méchant de l’histoire, interprété avec brio par Terrence Mann (Critters), qui est l’incarnation du mot “sinistre”.
Une fin sauvée par les fans : Une troisième saison était initialement prévue pour Sense8 avant d’être annulée par Netflix. Le public était passionné, mais pas suffisamment large pour rentabiliser les coûts d’une production aussi colossale (cf. les lieux de tournages dans le monde entier). Une déferlante de messages et de pétitions des fans (525 000 signatures !) envoyées à Netflix a permis à Lana Wachowski de livrer un épisode final de deux heures trente concluant (autant que possible en un peu plus de 2 heures) l’histoire de cette série.

Mes –

Les stéréotypes : De prime abord, on pourrait dire que les personnages sont caricaturaux : une brillante jeune indienne contrainte de se marier avec un homme qu’elle n’aime pas, un policier tentant de sortir de l’ombre de son père, un acteur mexicain objet de fantasmes de la part de son public féminin qui cache son homosexualité… Du côté des situations, même combat : l’Afrique représentée par des bidonvilles et des politiciens véreux, l’Inde qui souffre de ses traditions, l’Europe gangrénée par la mafia, sans parler du sexisme en Corée du Sud. J’ai malheureusement lu des amalgames bien tristes qui ont été faits autour de cette série justement à cause du côté stéréotypé des personnages. A mon sens, il faut garder à l’esprit que ces stéréotypes véhiculent aussi des faits de société toujours d’actualité. L’intérêt de cette série est surtout de voir comment ses créateurs se sont servis de cette base pour faire passer leur message autour de l’humanité.
Le démarrage : J’avoue, le démarrage m’a fait un peu peur. Sur les épisodes d’exposition, c’est un peu confus, et on a du mal à comprendre où la série veut nous emmener, qui plus est dans un contexte où l’on doit suivre 8 histoires différentes en parallèle. C’est clairement une série qui mérite qu’on s’accroche, en tout cas au début.
Le rythme : J’ai vraiment le sentiment qu’il n’y a pas de demi-mesure : on adore ou on déteste cette série. Personnellement, si j’ai choisi d’en parler, c’est que je suis dans le premier cas de figure. Cependant, je peux comprendre pourquoi la série n’a pas été fédératrice pour le public, car le rythme global est un peu chaotique. On l’a évoqué juste avant, ça met un moment à démarrer, certes, mais après, c’est ce que j’appelle le syndrome « Game of Thrones » : tout arrive d’un coup et c’est captivant pour retomber ensuite le temps de poser de nouveaux enjeux.
L’épisode final : Ça me fait un peu mal de mettre ce point dans les moins parce que sans la levée de bouclier des fans, on serait resté sur une fin de saison 2 sans conclusion, et j’ai une sainte horreur des histoires inachevées. Malheureusement, on sent bien que l’équipe a dû faire des choix, et elle a fait ce qu’elle pouvait pour donner du sens à cette fin après avoir lancé de nouvelles intrigues qui ne trouveront jamais de conclusion. Fatalement, on reste un peu sur notre faim. Toujours dans la problématique du rythme, tout s’enchaîne très rapidement, mais là c’est bien le manque de temps qui est responsable. Malgré tout, ils ont su exploiter les points forts de la série jusqu’au bout pour lui donner une jolie fin, et j’étais très heureuse de voir tous ces acteurs – et personnages !- réunis une dernière fois. « I have all these voices in my head, but yours… it’s the only one I can’t live without. »